samedi 23 octobre 2010

Elie Stephenson et James Noël : un rendez-vous poétique










Ce vendredi 22 octobre, jour de rentrée littéraire à Montjoly, était placé sous le signe de la rencontre. Celle de deux plumes poétiques, le Guyanais Elie Stephenson et l'Haïtien James Noël, eux-mêmes face à des élèves de collèges et lycées de Guyane pour un échange autour du thème "Dire le pays en poésie". Deux heures d'un bel échange littéraire durant lequel la poésie était au centre des discussions . En ouverture une élève se lançe devant l'assistance pour déclamer quelques vers d'un texte de James Noël (ci-dessous). Les questions ont fusé, l'émotion était intense. Nos deux poètes sont sortis de là enchantés par le vif intérêt manifesté par les élèves.
"Bon Nouvèl

depi mwen gade pye-w
mwen vle genyen lari
jwe pòtre tout vivi
yon lanmou pye atè

pye-w se bon nouvèl
ki fèt pou sa mache
pye-w se de mèvèy
ki fèt pou lòm sezi

cheri piga ou wont
si se la m-al remen-w
lanmou se chòvsouri
li jouke tèt anba

pye-w se bon nouvèl
ki fèt pou sa mache
cheri kite-m renmen-w
kote lòt neglije-w

mwen ka ba ou de men-m
de ba savon lave
kite-m savonnen pye-w
jouk lannwit kimen jou

James Noël

samedi 16 octobre 2010

Dire le pays en poésie : "Voyage" de James Noël

Voyage

ils partent tous
poussière aux pieds et coeur volant
tel long vers libre
délivré du carcan des formes fixes

le seul pays
est celui des oiseaux migrateurs
pays avec une aile pour drapeau
et surtout un regard qui épouse
La fleur de Guernical'univers tout entier
d'un seul visage

James Noël
Poète-vitrier, né à Hinche (Haïti) en 1978, James Noël est considéré aujourd’hui comme une des voix majeures de la littérature haïtienne. Ses poèmes sont dits et mis en musique par des interprètes de renom tels Wooly Saint-Louis Jean, Pierre Brisson, etc. Entre un hymne engagé à l’amour et une colère orageuse se dégage de sa poésie la « métaphore assassine ».
Adoubé par ses aînés, à l’image de Frankétienne qui signe en 2005 une très belle préface à son premier recueil publié Poèmes à double tranchant / Seul le baiser pour muselière.
Souvent célébré et lu en public, James Noël encourage également la création des autres, il a animé un atelier d’écriture à l’Institut français d’Haïti en 2004 puis au Petit Conservatoire de Port-au-Prince. Son poème Bon Nouvèl a inspiré un court-métrage de Dominique Batraville et Kendy Vérilus, La danse des pieds, et a été mis en musique par le célèbre musicien Wooly Saint-Louis Jean sur son album Quand la parole se fait chanson en 2005.
James Noel a également collaboré à des revues comme Point-Barre, Casa de las Americas, Exit, Défense de la langue française (de l’Académie française), etc. Il figure dans l’anthologie L’année poétique 2008 (Seghers) et parmi les 144 poètes autour du monde, publié chez Seghers en 2009. James Noel a reçu bon nombre de distinctions, dont le prix Fètkann (Mémoire du Sud et de L’Humanité 2008).

Bibliographie

Jeunesse

• La fleur de Guernica, album jeunesse illustré par Pascale Monnin, Vents d’ailleurs, 2010.

Poésie

• Poèmes à double tranchant / Seul le baiser pour muselière, préface de Frankétienne. Port-au-Prince, Farandole, 2005.

• Le Sang visible du vitrier, Vents d'ailleurs, 2009.

• Bon Nouvèl, Kopivit-L'Action sociale, 2009.

• Kabòn 47, Kopivit-L'Action sociale, 2009.

• Rectoverso, Albertine, 2009.

Dans des ouvrages collectifs

• « Temps mort » / « Tiempo muerto » et « La foudre » / « El relámpago ». Poèmes en français avec des traductions en espagnol d'Aurelia Martinez. Revista Casa de las Americas 233 (2004).

• « Priye pou nou » et « Lonn kwa » Symbiose poétique, dirigé par Renel Fièvre (collectif Rankont, juin 2002), 35-49.

• « Non-Lieu ». 24 poèmes pour les Gonaïves (collectif). Port-au-Prince, Presses nationales d'Haïti, 2004, 52.

• « Non-lieu (poème pour les Gonaïves) », « Temps mort », « Poème de la main gauche » et « Seul le baiser pour muselière ». Notre Librairie n° 158 (avril-juin 2005).

• « Haute Tension ». Prosopopées urbaines, Anthologie poétique d'inédits. Suzanne Dracius, éd. Fort-de-France, Desnel, 2006, p. 149-153.

• « Fleur de sang ». Point Barre (Rose Hill, Maurice) 3 (2007), 9.

• « Dés/ordres à mille temps ». Une journée haïtienne, textes réunis par Thomas C. Spear. Montréal, Mémoire d'encrier / Paris, Présence africaine, 2007: 121-125.

• « Le nom qui m'appelle ». L'année poétique 2008, présentée par Patrice Delbourg, Jean-Luc Maxence et Florence Trocmé, Paris, Seghers, 2008.

• « Dernière phase » et « La poésie, ma soucoupe volante ». Poésies de langue française, anthologie présentée par Stéphane Bataillon, Sylvestre Clancier et Bruno Doucey, Paris, Seghers, 2008.





Prix et distinctions littéraires:

• 2007 Artiste en résidence pour le festival Rumeurs Urbaines (Paris).

• 2007 Mention spéciale du jury, Prix de poésie des Écrivains français d'Amérique, pour Le Sang visible du vitrier.

• 2008 Prix Fetkann (poésie), pour Le Sang visible du vitrier.










mardi 12 octobre 2010

Dire le pays en poésie : à vos plumes

photo T.L.
« Cayenne » est un poème d'Élie Stephenson publié pour la première fois dans son recueil, Catacombes de soleil (Paris: Éditions Caribéennes, 1979, pages 41-42).

Cayenne
un nom machinal étendu entre mes lèvres
harassées de secousses exfoliées
un rappel de cris encerclés par une mutilation
de membres annexes
où s'exhibe ma solitude décharnée
Cayenne
une violence de prunelles désorientées
un clapotis de pieds tawa
dans les rios tapis
de sang
quand nos révoltes s'éveillent en
de beaux rêves réparateurs
ma solitude est un cauchemar
crier au suicide ?
crier au crime ?
à la mainmise ?
à l'assimilation ?
crier ?

Cayenne
un acharnement de coléoptères autour
des plantations ventre-creux et des
poissons maigres de nos gencives
une exaltation de poivre surchauffée
sur
des blessures attentives au bruit
au mouvement
aux couleurs à toute révolte à toute secousse
viendrez-vous, vous mirer autour de ces étangs
viendrez-vous y boire
et périr de notre Foi ?
Je ne sais pourquoi le ciel a la gueule écrabouillée
je ne sais pourquoi les oiseaux sont aphones et revanchards
je ne sais pourquoi les déserts ont pénétré les pinotières
ni pourquoi les chiens palabrent et pourquoi
les pucerons ont pris la direction des affaires

mais je vis à Cayenne

et je vais en mourir


(16 mai 1975)



Promolivres vous invite à publier vos poèmes et textes ci-dessous.

« Powenm pou palé di péyi-a»

Rencontre entre deux poètes Elie Stephenson et James Noël
Vendredi 22 et samedi octobre 2010

Pour cette rentrée littéraire 2010 Promolivres met l’accent sur la poésie en proposant une rencontre entre deux poètes Elie Stephenson et James Noël, samedi 22 octobre 2010 de 9h00 à 10h30 (hall centre commercial de Montjoly 2) et des scolaires.
La Rentrée littéraire est un rendez-vous régulier donné par Promolivres chaque année au mois d’octobre. Une invitation à découvrir les nouveautés littéraires, l'accueil des auteurs en dédicace sur les stands des libraires, la présentation de l’édition 2011 du Prix Carbet des lycéens, rencontres, discussions et lectures …


         PROGRAMME

Jeudi 21 octobre 
8h00 à 17h00 : interventions des poètes en milieu scolaire

Vendredi 22 octobre
9h00 à 10h30 :
-  rencontre avec les classes sur le thème : « powenm pou palé di péyi-a
-  lectures de poésie par les élèves
-  questions des élèves
-  visite des stands

16h00 : dédicace sur les stands

Samedi 23 octobre
L'actualité littéraire de Guyane : rencontre avec les auteurs

10h00 à 12h00 et 16h00 à 19h00
 dédicaces sur les stands