mercredi 14 décembre 2016

DANS L’OMBRE DU CONDOR
        JEAN-PAUL DELFINO
 
Le roman se déroule de mai 1958 à décembre 1970.

On y retrouve Joao, père de Paulinho et Zumbi, père de Lucina. Joao est le parrain de Lucina.

Paulinho va collaborer avec les américains qui au début des années 60 vont imaginer le plan Condor élaboré par la CIA, plan destiné à mâter tous les pays d’Amérique du Sud dans le but de s’attribuer leurs richesses et surtout par une peur panique, paranoïaque des frères Kennedy, Bob surtout, celle de la contagion des pays d’Amérique du Sud par le communisme. Le cinglant revers de la baie des cochons, l’installation d’un régime communiste à Cuba, donc à leurs portes, les rend comme fous. Lindon Johnson sera dans la continuité.

P 90 « Bob Kennedy avait avalé une gorgée de whisky sec, s’était essuyé la bouche avec rage d’un revers de main, puis avait poursuivi, tout en agitant devant lui un dossier portant la mention top secret
  • Après Cuba, c’est le Brésil qui risque de tomber aux mains des communistes. Et si le Brésil tombe, c’est toute l’Amérique latine qui sera aux ordres de Moscou. Vous vous rendez compte de ça, au moins ?
  • Mais on a quand éliminé Juscelino Kubitschek de la présidence.. avait alors avancé Allen Dulles.
  • Kubitschek ! Il a peut-être été le premier chef d’Etat à recevoir Ernesto Che Guevara dans son pays, mais, lui, au moins, il n’était pas fou ! 

Un lourd silence s’était alors mis à peser de toute sa masse dans la pièce. Depuis les élections victorieuses de Janio Quadros, que la CIA avait indirectement, mais très efficacement, contribué à placer à la tête du pays, il ne se passait pas une seule journée sans que des nouvelles inquiétantes n’arrivent à Washington. Tour à tour, ce Président aux grosses moustaches noires et aux lunettes d’écaille avait refusé d’appliquer le blocus économique à Cuba, il avait envoyé son vice-président Joao Goulart, en Allemagne et en Chine communistes. Lui-même avait tenu à saluer en personne l’astronaute soviétique Youri Gagarine pour le complimenter sur ses exploits et, outrage ultime qui sonnait comme une déclaration de guerre pour le clan des Kennedy, il avait décerné en grande pompe l’ordre de la Croix du Sud, la plus haute distinction du pays, au ministre de l’Economie de Cuba, Ernesto Che Guevara. »

Lucina elle prendra la route inverse. Elle se bat pour la démocratie, la liberté et y perdra le père de son enfant le jour de son accouchement. Son nouveau-né y perdra l’usage normal de ses jambes. Elle devra quitter le Brésil et ira se réfugier à Marseille, accompagné de son parrain Joao qui y revient après plusieurs dizaines d’années.

P 332 : « Lorsque Lucina fut ramenée dans sa cellule, trois heures après l’avoir quittée, elle n’était plus qu’une plaie, une chair souffrante. Voyant qu’elle refusait de donner des noms, des renseignements sur les lieux secrets des réunions, …, le soldat lui lacéra et arracha tous ses vêtements avec un couteau et la plaqua, dos au mur, près des toilettes, les poignets et les chevilles attachés à des chaînes rivées à la paroi. Puis, il lui posa des électrodes….Et le travail de la magnéto put commencer…. Mais elle sentit, dans toute son horreur, les sexes qui la fouillèrent dans son intimité, dans sa bouche, lorsqu’elle fut ligotée sur le plateau du bureau, membres écartés…. Pendant une semaine entière, les tortures recommencèrent et les viols se répétèrent… mais jamais, jamais Lucina ne lâcha un renseignement. »

Lucina est en exil à Marseille et a trouvé le moyen de continuer la lutte. Elle va faire une offrande à Iemanja. Dernier § du roman « Quand Iemanja accepta le présent de la jeune femme et s’engagea à le faire voguer jusque sur les côtes du Brésil, Lucina murmura, pour elle-même : Je reviendrai. Même si je dois y perdre mon âme, je reviendrai au Brésil. Sur tout ce que j’ai de plus cher, je reviendrai. Je le jure…. »

Le roman décrit la vie des Brésiliens qui ne croient pas à un coup d’état, leur fureur et leur joie de vivre, leur déception. On y voit comment les Etats-Unis s’organisent et ça semble réellement machiavélique. C’est l’histoire d’une période sombre où les Brésiliens perdent leur joie de vivre, leur légendaire capacité à communiquer car chacun se méfie de l’autre.

Informations complémentaires p 389 à 392.

« L’opération Condor, selon les estimations, a perpétré 70 000 meurtres, a assassiné ou fait disparaître 8 000 enfants, a été l’instigatrice de la disparition de 50 000 personnes et a jeté en prison 500 000 femmes et hommes, dans la seule Amérique latine. L’opération Condor est aujourd’hui supprimée. Officiellement supprimée. »

On y trouve aussi une liste exhaustive de toutes les interventions des USA dans le monde.

But du roman :

  • Faire connaître l’histoire du Brésil

  • Faire connaître la capacité des USA à vouloir régir le monde et s’approprier les richesses de celui-ci

    Claudine Jantet


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